ACCUEILThierry Ducros
Année 1587. Archives départementales de la Lozère . Tiré des travaux de l'Abbé Baldit, Membre ordinaire de la société d'agriculture,de l'industrie ,de la science et des arts .Mende 1856.T VII. Entendit que le syndic du clergé du diocèse de Mende bailha par devant vous monsieur Jehan Dumas,licenciè ez droictz,juge royal catholique,en la cour commune du comte,et baillage du Gévaudan,commissaire député par le Roy pour informer des ruynes des églises du diocèse de Mende,et pays de Gévaudan,expolations ,ravissement et jouissances des fruicts et revenus écclésiastiques faicts par ceux de la préthendue religion,depuis le commencement des troubles ,meurtres tant durant iceulx,que en plaine paix,et massacres commis a des dits écclésiastiques Et autres actes dhostilité pour linquisition par vous faicte appelle et ouy le procureur du roy estre envoyé devers sa majesté,et trésorier généraulx,de France,suyant le contract passé avec le clergé général estre par elle pourvu,a leur déchargement des décimes,comme est pourté par le dict contract et sera son bon plaisir ; En premier lieu que les troubles estant advenus,en ce royaulme en l'an Mil VC LXII,ceux de la religion préthendue ayant pris les armes et sestant assemblés en grand nombre commencèrent a courir dans le diocèse pilher,ravager,et démolir plusieurs églises et en l'an Mil VC LXII a la reprise des armes continuèrent les dites démolitions,et ruynes des églises,tuèrent et massacrèrent plusieurs ecclésiastiques,et commencèrent a jouyr ,par force et violence les bénéfices,et continuèrent en cette façon,jusqu'au mois d'aout MIL V C XX,que le dict acte de pacification fut peublié. Despuis en l'année L XXII,les troubles estants réallumés,ceux de la dite religion,qui ont toujurs tenus deppuis,comme font encore la ville de Maruejols,qui est la principale après Mende,le château de Peyre et Marchastel,et toute la terre qu'en dépend la ville de Florac,et toute les Cevennes qui sont de grandes étendues,reprindrent les armes avec une plus grande violence que aux troubles précédents,et sestant le capitaine Merle,rendu le chef prit en LXXIII,la ville du Malzieu,dans le dit diocèse,arenta les bénefices,écclésiatiques générallement dudit diocèse,jouisct les fruicts et revenus,par force et violence,feit tuer et massacrer une infinité d'écclésiatiques,brusler et démolir plusieurs églises,et continuèrent en ceste façon,non seullement pendant les dicts troubles,et jusqu'à a la paix qui eut publiée en may MIL V CLXXVI,mais bien encore en playne paix,pendant laquelle ils surprirent plusieurs fortz,et en fortifièrent d'autres,mesmes,Clamouze,Montbel ,Le Mazel,Chauchalye,Marchastel,Pradasson,Monjusieu,et plusieurs autres au moyen desquels jouyssoient avec la force qu'ils avaient en mains de revenus ecclésiastiques,feirent fortifier après la cham chaminades,valdasse prindrent le château de Prades,charaman continuyerent toujours en pleyne paix,le ravissement le ravissement et jouissance des fruicts et revenus ecclésiastiques jusqu'à l'année MIL VC LXXIX,que la conférence de Nérac,fuct executée en ce dit diocèse au mois d'aoust et septembre auquel temps,ils feirent semblant de se voiloir comporter soubs le bénéfice des edictz et cependant faizant leur retraite dans la ville de Maruejols,et au château de Peyre avec une infinité d'estrangers,dressèrent secrètement leur entreprise sur plusieurs villes,et fortz dudits diocèse,environ la tout saincts surprindre le Croz et thuarent et massacrèrent le Seigneur chevalier de la Vigne,qui en estoit le propriétaire, et le XXV décembre en suyant le dit Merle,avec le capitaine La Peyre,et Moustoulat,assemblé quatre ou cinq cent vouleurs quil feit venir de Figeac,Saint Seyre,et le mur de Barres conduict par ung nommé Bonicel ,de la ville de Mende qui est la première capitale du dit diocèse,avec quelques secréttes intelligence quil avait dans icelle la surprindrent par escalade,environ une heure après minuict et sestant rendu maistre de la dite ville tuérent et massacrèrent environ trois cent hommes habitants de la dite ville,du nombre desquels fut une bonne partie decclesiatiques,chanoynes,béneficiers,et aultres,et la plupart diceuls furent massacrés de sang froid durant huict jours quils continuérent les massacres,et entre autre Mr Pierre Chaptal,prieur de Boubalz,bénéfice en ladite église,eut le visage et la teste escorché tout vifz,les oreilles coupées et après thué,Mr Guillaume Cortany,chanoyne feust flambé par les pieds,duquel tourment mourust après dans un cachot,ensemble,Mr Jehan Rossal,d'autres furent contraincts a faire leur fosse,et après ensevelys en icelle tout vifz,a dautre arrachèrent les partie génitoires,dautres estants enfermés dans des caves tout nuds au plus fort de lhiver,plusieurs autres contrainst de resigner leur bénéfices et les collateures ordinaires,a les conferer a ceux que les dits voleurs leur nommése,mesmes les chanoynes qui se trouvaient en vye dans la dite ville la precempterie soubs une faulce attestation de la mort du titulaire,qui néanmoings était en vye. La plus part des dicts massacres feurent faict le dict jour XXV qui estait la fète de la nativité de Jésuchrist,et quelques jours apprés ceulx qui restoient vivancts tants des ecclésiastiques que d'autres feurent faict prisonniers, tant aux prisons que aux maisons particulières ou les dits capitaines, et aultres voleurs,sestoits lotgés et taxes,et constraincts payer grandes et insupportables rançons,par les plus barbares et plus cruels,tourmens dont se pouvoin et aduiser ; Avant que le dict jour de la nuit,feut venu léglise dudit Mende,quest cathédralle et qui estoit ornée des plus belles reliques et joyaux et par ceux des plus exellens et riches ornements,quon scauroit pencer mesmes ce jour la pour lhonneur de la feste de la nativité de nsoter seigneur Jésuchrist feust saccagée et volée entièrement et au grand autel dicelle a la sacratenerye ou a la maison capitulaire et chapelles en nombre de dixt huit estans dans la dite église y avait en calices,piéces précieuses,reliquaires et autres vaisseaulx dor,ou dargent pour plus de douze milles escuz et en chasubles ,chapes,dalmatiques,diacres,subdiacres faictes de drap dor argent ou soye enrichie douairaige dor ou dargent aultre tapisserye en histoire de haulte lices et aultres de Turquie,napes aubes et aultres linges et toiles dor et dargent et lin et toutz autres ornemens deglise donnés par le pape Urbain cinquièsme que aultres evesques et seigneurs dévolus a la dit eglise de valleur de plus de trente mille ecusz ; Aussi pilharent ils et saccaigearent toutes les maisons, des pauvres habitants mesmes des ecclesiastiques jusques aux cloux et icelles meirent en ruyne et dutout inhabitable ; Cinq jour après ladite prise continuans le pilhage et massacres a sang froid ,arriva en la dite ville le seigneur de Chatilhon ,accompagné des seigneurs de Milheron et Briquemault et approuva la dite prise bien qui fut faicte en temps de paix,continua a faire prisonniers tout les pauvres ecclesiatiques et autres habitants faient augementer les rançons auxquelle avaient été taxés par le dit Merle. Lequel seigneur de Chatilhon,de Briquemault,Merle et autres de leur faction avec les pièces darthillerye qui estoient audit Mende le dernier février Mil V quatre vingt,ayant assemblés quatre cent hommes tant a pied qua cheval,allérent asseir le châsteau de Balsuèges,appartenant a levesque ,le batirent durant douze jours,et leur artillerye ne se trouvant pas suffizante se retirarent avec icelle,audit Mende et deux jours devant razarent le chasteau appelé « de Chastel nouvel » appartenant au chapitre de Mende,assez prés de Mende A une lieue et pour soutenir ledit siège,prindrent tout le bien des paisans de Leynaron,a quatre ou cinq lieues.Appres avec les dites forces,discourirent tout le dit diocèse et pays de Gevaudan ,prindrent voulèrent et admenerent tout ce qui appartenoit au gens deglise,voire aux pauvres laboureurs et habitants, abatoient et faizoient brusler et desmolir les maisons des ecclesiastiques et les eglises thuaient et massacraient et prenoient prisonniers et les conduisaient au dit Mende,que Maruéjols avec tout le béstail,tant gros que menu,le dispartant entre eux devastoient,ou faizoient traduire au Languedoc et autres lieux a eux propices. Quelques jours après,ledit Chastilhon,Milberan de Briquemault,ayant eu avec ledit Merle,quelques différents,iceluy,ledit Merle,industrieusement chassa,ceux qui apparteneoint au dit de Chastilhon,de la dite ville,pour se rendre entièrement dominant au dit pays,feit rompre et retirer le métal de deux cloches,qui estoient au grand clocher du dit Mende,lune estant si grande que lon la nommait la « Nonpareilhe »des cloches de chrétiénté de poix de V Quintaux et lautre de III et de IV(trois cent quatre vingts)et tant de quintaux et aussi du second clocher autres treize cloches,deux de quarante cinq quintaux,chacune et de la maison du chapitre cinq cloches rompues en ladite église,deux grands bénistiers metail,aux églises des carmes cordeliers ,et St Gervais,autre huit cloches,toute de valeur au moins avec ferrement,et bois questoient au dites cloches pour le soustenement des dites cloches, que feust bruslé de plus de vingt cinq mile écuz,et pour les remettre,de mesme cousteroient un tiers dagvantage . Les dites cloches et benistiers rompus et mis en pièce,le metail fust pour la pluspart vendu par ledit Merle,la plupart vendu et du demeurant,et du chauderons,chandeliers,bachas,Bassins,bouton et rosette,qui feurent trouvé en lez maizons des ecclésiatiques,et autres habitants de Mende,ledit Merle fait fondre quatre pièce darthillerie,deux canons du calibre du Roy et deux coulourines,fort grand nombre de boulet,le tout mis en équipage,conduict et admena les dites pièces,sans aucun rezistance,ny contredict dudit Mende,au château de Grèzes,appartenant au seigneur de Fabregues,lequel fut prins,et de la print le chemin avec le secours des habitants de Maruejols de Saint Latgier,chasteau et terres de Peyre,et les Cevennes,au devant du château du Cayla,quil print de mesme par batterye et thua les pauvres gens questoient dedans ; De la fait concduire ladite arthillerie,au chasteau de Combettes,qui fudt pris de mesme façon que les autres,thues LX bons soldats catholiques questoient dedans apres que la foy leur fut donné tant par le dit Merle,ceus de Maruejols ,de Peyre que autre questoy avec luy apres continua sa conduite de la dite artillherie de Serueyhette,batist le chateau,thua ceux questoinet dedans et par tels moyens mis en tel effray presque tous les habitants des villes et forts dudit pays du Gevaudan que chacun serchoit moyen de guarantir ,et de faict sen retourna audit Mende ,avec ladite artillherie. Sur la fin doctobre et commencement de novembre,remyst ledit Merle,ladite artillherie en campagne,faist bruler les chateaux de Requerlettes,Bassuejes et Monteauloux,la dame de la vigne fust contraincte luy remestre sa maison pour en eviter la ruyne,Le Sr de Tournel le Boy,et le seigneur de Montesquieu,la Parade,et le Sr Malavielle la sienne et de la mesme,ledit Merle fict conduire ladite artillherie devant la maison et église collégiale de Quézac,quest une église appartenant aux chanoines,collégialles de fondation faicte par le pape Urbain cinquiesme lieu de pèlerinage,de grande dévotion,de difficile accès pour la conduicte de ladite artillherie,lequel aurait battu force et saccage une partye des hommes questoient dedans la nuit se seroient guarantis les autres qui neurent moins se retirer de bonne heure massacrés,et autres faicts prisonniers,mis a rançon et constrainct elire autres chanoines aux lieux des massacres par ledit Merle et ses complices. La dite église et maison collegialle de Quezac,a esté pendant les troubles par trois fois diverses brulée,et ruynée, le tout pilhé et saccaigé estant dit la dite église,enrichie de plusieurs belles reliques,et ornements tant d'or,argent que soyes,et la dite maison pourvue de touz meubles,et aultres choses necessaires,aultant que maison collégiale de Languedoc,dont la ryune et le pilhaige,qui leur a esté faict durant les troubles,est estimé a plus de cent mille écus . Et de la ,faict conduire la dite artillherie,devant la ville dyspagnac quil assiegea et layant battue et prise de force y faict plusieurs meurtres, volla tout ce questoit dedans,et myst par terre les murailles dicelle,leglise et la maison du prioré,et tout les ecclesiastiques et de la auroit poursuyvy son chemin avec la dite artillerie jusque devant Bedouese autre église collégialle de fondation dudit pape Urbain cinquiesme,laquelle auroit battue et hue par foy promise de vie sauve,tant aux chanoines et capitaines,et soldats,questoient dedans,les dites villes dyspagnac,Quezac,et Bedouese ,questoient trois lieux seuls du cartier des Cevennes,auquel le service divin,sa faisoit et tenoient bon pour sa majesté et religion catholique depuis la prise de la dite ville de Mende. Par la cruaulté des dits Merle,et complices avant la surprise quil deit du Malzieu,les ecclesiastiques estoient au dit diocèse plus de deux mille,et par les massacres,faict tant au Malzieu,Chirac et Mende,que aux paroisses du diocèse,ne seraient demeuré quatre cent,et encre iceulx reduits et constitué en telle misère,que la plupart sont contrainct de mendier,pour Dieu,les autres se retirer a la maison de leur parents,et amis pour etre nourris,et les autres sadonner aux arts mécaniques,nayant moyen de vivre ,ny moing de achepter livres,ornements,ecclésiatiques,accomoder quelques honnestes lieux,pour faire leur service,pour leur extreme pauvreté,a leur très grands regrets,estant dautre part la dévotion,sy refroidie par la séduction,et faux donner entendre de leur ministres que les ecclésiastiques,pour leur grande misère,non dautre moyen que de recourir a Dieu,par spéccialles et publiques prières leur estant prins toutz leurs biens,et fruicts de leur benefices,et églises,maisons,auteils thumbez,vaisseaulx dor,et dargent,calices,ornements deglise et tout ce quy appartenait,ravy et volé . Dans la dite ville de Maruejols,y avoit une eglise collégiale des plus belles du pais,bien orné avec beaucoup de calices,reliques dor et dargent,chappes,chasubles,tapisserie,cloches en bon nombre quy leur esté volé par les ennemy,le tout de valeur de plus de quarante mille écuz, Et trois couvents de cordeliers jacopins,augustins,des plus belles eglises et maisons, que de mesme auroient,mises par terre,le couvent du Monastier tout proche de lordre de Saint Benoit,les religieux et vingt neuf pretres de la ville de Chirac,thués par iceulx de Maruejols et la ville,abattue et en la ville du Malzieu treitze prebtres thues et le cure de Reimeize touz leur benefices et facultés prins et generallement ont este ruynes presque toutes les autres eglises,dudit diocèse et maisons des ecclésiatiques tant dedans que dehors des villes… Tiré des travaux de l'Abbé Baldit, Membre ordinaire de la société d'agriculture, de l'industrie, de la science et des arts .Mende 1856.T VII.